dimanche 29 mars 2015

Jardiner - le Défi Potager #5 : les semences engagées de Kokopelli, contre la privatisation et l'uniformisation du vivant.

les tomates Kokopelli

Quand on se lance dans l'aventure potagère, on commence par réfléchir aux variétés que l'on veut ou que l'on peut avoir dans son jardin. Alors, on lit des livres, des blogs, des articles sur internet et on note sur un carnet les noms de baptême des variétés qui semblent les plus faciles à cultiver, les plus productives, les plus résistantes aux maladies, les plus juteuses ou les plus sucrées. Puis on va faire le tour des boutiques de graines, en vrai ou en ligne, et on cherche les fameux haricots "Pas-un-fil-promis-juré®", les tomates "Même-si-t'es-nulle-en-potager-je-pousse-tinkiet-pas®" ou les carottes "plus-sexy-tu-meurs-collection-printemps-été-2015®".

C'est ce que j'ai fait cette année, j'ai voulu mettre toutes les chances de mon côté... et j'ai commandé mes petits sachets de graines chez un grainetier conventionnel.

Et puis j'ai découvert Kokopelli, autant dire un autre monde. Et pour les graines qu'il me reste encore à commander, nul doute que, cette fois, je commande chez Kokopelli !



Avant de vous dire qui est Kokopelli, il faut avoir à l'esprit quelques éléments:



Il existe des milliers de variétés de semences différentes. Cette diversité de semences est un héritage qui nous est légué par 10,000 ans d’agriculture. Ces variétés correspondent à des terroirs ou des besoins déterminés; elles proviennent de nombreuses sélections au fil des siècles. Mais, comme l’explique Blanche Magarinos-Rey, avocate de Kokopelli, "depuis la révolution industrielle, nos systèmes agricoles se sont engagés dans un processus d’uniformisation à l’échelle planétaire qui, non seulement, a marqué la fin de la participation de l’agriculture au développement de la biodiversité, mais a également contribué à détruire la diversité existante ».

L’organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (la FAO) estime la perte de bio-diversité dans le monde des plantes cultivées à plus de 75%. Aujourd’hui, d’un pays d’Europe à l’autre, nous trouvons dans nos supermarchés les mêmes variétés de tomates, les mêmes carottes, poireaux ou pommes de terre. Et le Bio n'y échappe pas ! Cette triste uniformité provient de l’expansion des monocultures, de la standardisation des productions agricoles (à la demande, notamment, de la grande distribution), ainsi que de la promotion de variétés à haut rendement, mises au point pour ce nouveau mode industriel, au détriment de la diversité des variétés pré-existantes.


Les tomates parfaites de nos supermarchés

Sous couvert de progrès, nous avons pratiqué l’eugénisme sur les semences et réalisons aujourd’hui des millions de copies conformes d’un « individu », extrêmement sélectionné, considéré comme l’élite de sa catégorie. L’industrie chimique s’est engouffrée dans le secteur, mettant au point des semences qui ne peuvent se développer dans leur pleine capacité qu’associées à des produits chimiques. Ce secteur de la production de semences a ainsi atteint un fort degré de rentabilité et se trouve aujourd’hui très concentré, c’est à dire tenu par une poignée d’intervenants particulièrement puissants (les 10 premières entreprises semencières contrôlent aujourd’hui, à elles seules, près de 70% du marché mondial, d’après Blanche Magarinos-Rey).



Par ailleurs, il faut avoir en tête que cette uniformité génétique a eu pour conséquence d’accroître la vulnérabilité des cultures aux agents pathogènes : mildiou, phylloxera, etc… problème auquel l’industrie chimique répond en proposant de nombreux pesticides permettant de traiter ces pathologies. Et le marché n’est pas près de s’essouffler car des phénomènes de résistance de ces agents pathogènes se sont développés, qui appelleront à leur tour une solution que l’industrie chimique apportera sans nul doute...

Les semenciers inondent le marché avec ces variétés peu nombreuses et très calibrées, issues de sélections modernes, sur lesquelles ils perçoivent un Droit d’Obtention Végétale, c’est à dire des droits d’auteurs. Savez-vous qu’un agriculteur français ne peut semer l’année suivante le grain qu’il a lui-même récolté sans verser une contribution au semencier à qui il a pourtant déjà acheté la semence pour la première récolte? Et encore, ce droit de ressemer n'existe que pour une vingtaine de variétés. Pour les autres variétés, ressemer est un acte de contrefaçon, susceptible de poursuites judiciaires et de destruction de récoltes.




La bible de Kokopelli recense toutes les variétés conservées par l'association

Depuis 20 ans, l'association Kokopelli conserve et multiplie une immense collection de 3000 semences non appropriées et librement reproductibles. Kokopelli vend un très grand choix de semences de plantes potagères sur son site: kokopelli-semences.fr, et distribue gratuitement des semences dans des communautés paysannes du tiers-monde.

des carottes jamais vues avant, ni même imaginées !


Nous n’allons pas changer le monde avec notre petit potager, mais c’est l’occasion de soutenir un beau projet et de faire rentrer dans notre assiette familiale des légumes hors norme: des tomates de toutes les couleurs, des courges plus folles les unes que les autres, des goûts que nous n’avons peut-être jamais connus.


plus de 650 variétés de tomates différentes chez Kokopelli !
 
Faire un potager, voir les cotylédons qui sortent, les premières fleurs, les fruits qui apparaissent : c' est déjà une aventure touchante, mais y faire pousser des variétés hors du commun, là, je suis fière !… juste les mains dans la terre...






Kokopelli : http://kokopelli-semences.fr/


Le Défi Potager :
Le défi Potager #1 : lancement du défi, voici le plan de bataille
Le défi Potager #2 : le jardin en bacs textile et les premiers semis
Le défi Potager #3 : des nouvelles de nos semis
Le défi Potager #4 : rempotage des plants de courge, de menthe et d'impatiens
Le défi Potager #5 : les semences engagées de Kokopelli 
Le défi Potager #6 : comment faire pousser des légumes hors sol
Le défi Potager #7 : mois d'avril, l'accélération
Le Défi Potager #8 : les promesses du mois de mai et les premières récoltes 

1 commentaire:

  1. Méga chouette!
    Pour l'instant, je fais le vampire : toutes les graines m'ont été offertes par une copine qui a une exploitation bio, par des jardinières passionnées qui les tiennent de leurs voisins, de leurs pépés...
    Mais si je dois en acheter, je penserai kokopelli

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